dimanche 22 mars 2009

La télé bingalie

Je suis allée déjeuner cet après midi chez Leemon, un camarade de classe Bengali. En fait il a changé de classe la première semaine, mais comme il est assez liant, on a gardé contact. Il vit chez son frère qui arrivé au Canada depuis 8 ans et qui est mariée avec une Bengali (ou indienne?) qui est arrivée à l'age de 7 ans. Ils habitent dans une tour en dehors du centre ville, à une petite demi-heure de bus du centre. Ça m'a permis de sortir du centre et d'aller dans les quartiers où y'a des vrais gens. Il faut dire que je me débrouille toujours pour être dans les beaux quartiers.... j'y peux rien franchement, je n'ai rien demandé: j'ai un appart à Paris dans le 7e (que je n'ai pas choisi), je travaillais dans le Triangle d'Or du 8e, et maintenant je trouve à me loger dans un quartier chic d'Ottawa....
J'en connaissais certains: Reyanna, Yannick, Ryad de ma classe, on devait être une bonne dizaine. Je ne sais pas si c'est culturel, mais quand je reçois du monde, j'éteins la télé en général. Quand je suis arrivée (en retard....) les
gens étaient quasiment en silence assis à table, le frère de Leemon mangeait devant la télé, Leemon et la belle-soeur servaient debout... Une fois fini le premier service, les saoudiens sont allés s'assoir devant la suite du film. Une belle télé ma foi, 16/12e au moins, mais franchement, j'aurais préféré la classique conversation « and you, where do you come from/ how long have you been here? ». C'est sûr certaines soirées ne décollent pas (j'en ai connu chez moi!), ça dépend si les gens ont envie de discuter et ont des choses à dire ou pas. Là les gens étaient tous capables de parler en anglais, sisi, ils parlent tous bien, et ils se connaissaient. Donc tout était réuni pour que ça « prenne ». Je ne me suis toutefois pas ennuyée puisque Leemon et sa famille sont sympathiques, et que j'ai pu discuter avec Reyenna et le pote que Yannick avait amené. J'ai également observé les convives et leur relation à la télé. Il y avait des Bengalis, des saoudiens, des coréens, un jordanien et une iranienne (mais comme moi, non intéressée par la fameuse fenêtre magique). Au lieu de m'énerver contre-ces-gens-vautrés-devant-la-télé, je me suis rappelée que j'étais au Canada, que la télé diffusait un film distribué par des américains, et que le seul fait d'être assis dans un canapé en cuir (et non par terre) devant une télé made in China, en Amérique du Nord constituait une partie de l'aboutissement socio économique de tout ressortissant d'un pays « pauvre » dans le monde. J'avais été choquée et frustrée que les diners en Afrique chez les sœurs ne puissent se passer sans cette foutue télé. Quelqu'un m'avait rappelé que la télé était quelque chose d'encore nouveau et que même si elle diffusait des niaiseries, les gens n'en étaient pas encore lassés. Ça peut être une explication/justification, mais je ne suis pas certaine que les enfants élevés à la télé dans leur biberon soient lassés et se mettent à lire des livres et à discuter avec leurs amis, mais bon...
Je pense quand même qu'il y a du culturel là dedans, du mal du pays, de l'adaptation comme on peut à un environnement tellement différent. Je ne crois pas que la famille de Leemon soit de pauvres agriculteurs mais il est sûr que vivre au 18e étage en banlieue ne fait pas partie de son mode de vie traditionnel. Je comprends mieux d'ailleurs pourquoi quand je suis arrivée il connaissait à peine le centre ville alors qu'il était arrivé depuis 3 mois. La grève des bus, le froid, le fait de ne connaître personne l'avaient cloitré dans son 3 pièces. Ces gens sont instruits, intelligents pour la plupart, ont des moyens financiers (pas tous millionnaires, mais ils ne sont pas dans la misère), mais vivre à 12.000 km de chez soi n'est pas anodin ni facile.

voilà l'équipe du jour, mince j'ai oublié de prendre la télé...!

1 commentaire:

  1. Sabine au centre de la photo, je connais quelques personnes qui trouveraient facilement un sesn caché, heureusement nous n'en sommes pas ;)

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