dimanche 29 mars 2009

Les cours d'anglais, ou comment ne pas apprendre l'anglais à l'Université d'Ottawa

Je n'ai pas encore parlé de l'Université d'Ottawa (surnommée U Ottawa) pour les cours d'anglais langue seconde, ou ESL (english second language), je n'avais pas envie d'en rajouter!

J'avais choisi ce système pour plusieurs raisons:
- le prix (cher) était comparable aux cours privés, et je me méfie des cours privés. Le Wall Street Institut à Paris par exemple coute aussi cher. La fac me paraissait donc plus honnête.
- j'avais vu sur le site de la fac qu'il était possible de suivre des cours en « immersion », c'est à dire de suivre des cours d'une matière dans sa langue seconde. J'espérais donc aller assister à des cours dans des matières, pourquoi pas de droit. En fait, il faut passer l'examen «Can TEST» pour être autorisé à suivre un cursus, et il n'est pas possible de suivre quelques cours en touriste, même quand on est inscrit dans un programme de la fac.
- Pascaline y travaille,ça pouvait faciliter les transactions si besoin.
- tout y était expliqué sur le site en français
- la présentation sur internet correspondait juste à ce dont j'avais besoin; c'est à dire améliorer son anglais à des fins académiques ou professionnelles, le suivi « personnalisé », les « social activities » l'après midi, et 15 ans d'expérience!

Leur plaquette est donc fausse sur chacun des points:

1- Améliorer son anglais à des fins professionnelles ou académiques
Pour ce qui est d'académique, oui, ça c'est sûr, si vous voulez passer des heures de cours à faire des essay stupides parce que la prof n'a pas confiance en ses élèves qui pourraient faire faire leurs devoirs par des copains plus avancés qu'eux. Pour ma part, j'ai passé l'age de faire des mini dissertations pour « m'apprendre à faire un plan » et à structurer mes idées. Et ensuite, comment m'exprimer avec mes 243 mots de vocabulaire en boucle?

2- Le suivi personnalisé
Inexistant ou très légère tentative: on est 18 en classe officiellement (à la fin on a fini à 8 en cours): 3 francophones, 4 sinophones, une iranienne (qui parle persan), les autres étant arabophones.
Comment apprendre l'anglais à des gens avec des langues maternelles aussi différentes? Ils doivent être très forts ou alors très incompétents pour ne pas comprendre que l'on n'a pas les mêmes problèmes de prononciation, de grammaire, de compréhension, bref, pas du tout les mêmes besoins. On a eu (4 fois) 20 petites minutes par semaine pour les francophones, cours assez utile d'ailleurs. Ça fera donc environ une 1h de cours en 3 mois vraiment utilisables....
Autre différence: entre ceux qui veulent passer le Can TEST pour rentrer à l'université et ceux comme moi qui ont fini leurs études et qui veulent juste progresser et prouver leur niveau par un examen reconnu (toefl, etc). Eux voulaient surtout de l'écrit, moi je voulais surtout de l'oral. Pas moyen bien sûr de choisir différents courts, tout le monde a la même soupe.

3- Social activities
On est tous étrangers par définition, donc potentiellement isolés, et on a besoin de parler anglais pour progresser. Il est donc logique de proposer des activités ludiques pour nous permettre de lier connaissance et de parler. Il était indiqué sur la plaquette « activités sociales l'après-midi ». Déjà, c'est juste le jeudi après-midi. Ensuite, quand on embauche quelqu'un pour s'occuper de cela, on s'assure que la charmante jeune fille aura un peu de temps pour faire son travail correctement plutôt que lier connaissance avec la population saoudienne (masculine à 98%). Entre les annulations pour cause de -30° (c'est vachement une surprise en février au Canada...!), et les activités d'intérieur quand la température est plus clémente, je n'ai pas réussi à faire de ski ni de raquettes en 3 mois ici. Regarder la météo la veille de l'activité pour s'assurer qu'on pourra la faire, et prévoir une solution de repli me paraît assez simple, mais pas pour elle apparemment. Le clou, pour la dernière activité, on est allés visiter une érablière, sujet tout à fait adapté au Canada. Après la visite de 10 minutes des arbres et de la machine pour faire le sirop d'érable on était sensés aller déguster des pancakes au sirop d'érable justement. On a attendu sagement 25 minutes que des groupes de retraités se servent au buffet, avant qu'elle aille se renseigner s'il était possible qu'on soit servis avant 2 heures. Les retraités étaient encore un certain nombre, on est donc partis après avoir poireauté pour rien. Encore un loupé, tient décidément!

4- 15 années d'expérience
Et bien on ne dirait pas. On nous a demandé 5 fois notre « feedback », on nous a même fait le feedback du feedback...Il paraît que c'est culturel ici de demander ce que l'on veut. Les étudiants sont des clients, il faut écouter leurs doléances. Je suis venue dans ce programme pour qu'on m'apporte quelque chose. Je ne suis pas venue pour envisager ma pédagogie et la manière la plus judicieuse de m'apprendre une langue que je connais très partiellement. C'est précisément pour cela que j'ai payé (cher) pour avoir ce service, pensant (naïvement, mais on ne m'y prendra plus) que ces gens étaient compétents et connaissaient leur métier.

5- les Saoudiens
Enfin, l'Université d'Ottawa est officiellement et fièrement une université bilingue. C'est un concept canadien par excellence, le pays étant bilingue, les services publiques aussi, cette université se veut le fer de lance du bilinguisme. C'est beau tout ça, mais si vous êtes francophone, vous n'êtes bizarrement pas attendu ici. Les Saoudiens sont chez eux. Ils sont charmants ces garçons vraiment, et je suis contente d'en avoir rencontrés, je les plains d'ailleurs. La fac a un contrat avec l'ambassade. Leur pays prévoit d'envoyer jusqu'à 10 000 étudiants par an au Canada pour pallier leur manque d'enseignements supérieurs. Les saoudiens sont la poule aux œufs d'or, le but est de les faire végéter le plus longtemps possible pour récupérer les petrodollars avant de les admettre dans un cursus classique. Un étudiant a quand même dit à un prof: « you have destroyed our dreams... » Ils viennent ici pour étudier pendant un certain nombre d'années, et ils sont payés (grassement) par leur gouvernement. En retour ils devront travailler pour leur pays. S'ils perdent trop de temps, l'ambassade peut leur couper les vivres. Déjà qu'ils restent la plupart 4 ou 5 ans ici, ils n'ont que moyennement envie de trainer encore plus. (il fait froid l'hiver ici, je vous le rappelle...!)

Donc?
La conclusion des cours d'anglais à l'Université d'Ottawa? N'Y ALLEZ PAS!
On nous a dit que 4% des étudiants étaient mécontents. La preuve par les chiffres: les statistiques peuvent dire n'importe quoi.

Quoi faire d'autres? Venez au Canada apprendre l'anglais, même en hiver ça se fait très bien. Ottawa est une petite ville tranquille, contrairement à Toronto qui est sans doute dangereuse et plus cher; les Canadiens sont très accueillants, toujours prêts à vous aider (pays des boys scouts! ;). Surtout pour des francophones, c'est assez intéressant de découvrir les lointains cousins du Québec et leur façon de parler la même langue que nous ou presque.

Que faire pour apprendre l'anglais? Et bien déjà s'AUTONOMISER!! Savoir ce dont on a besoin et aller le chercher. Personne ne vous apportera sur un plateau ce qui vous intéresse, ce qu'il vous faut et selon votre rythme. Je voulais acheter un « pack tout compris » pour apprendre l'anglais, c'est une erreur, il faut être autonome et savoir se faire aider sur des points précis.
Il existe énormément d'excellentes ressources sur internet, des cours et des exercices très bien fait, des centaines de forums où mettre en pratique, et le tout gratuit! Il faut juste apprendre à utiliser toutes ces ressources.
Être sur place est indispensable pour s'y mettre et pour l'approche culturelle, trouver des interlocuteurs et entendre le plus d'anglais possible. Il existe aussi des quantités de cours privés ici, qu'on peut « tester ».
Le slogan de l'université est « ça part d'ici », on sait toujours pas ce que ça veut dire. Une chose est sûre: on part de là!

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